" Qu’un peintre aille, un beau jour, poser tant bien que mal La tête d’un humain sur le cou d’un cheval; A des membres divers, monstrueux assemblage, Que son caprice ajoute un bizarre plumage; Qu’il termine en poisson le buste noble et beau D’une femme: en voyant cet étrange tableau, Chers Pisons, vous rirez, n’est-ce pas — Tel me semble Un livre, amas confus d’objets mêlés ensemble Sans principe ni fin, partant sans unité, Rêves creux d’un cerveau par la fièvre agité. Le peintre et le poète ont l’heureux privilège De tout oser; ce droit qui toujours les protège, Je l’accorde, bien plus, j’en réclame ma part, Mais qu’il reste interdit par la nature et l’art D’unir dans la même œuvre, accouplant les contraires, Aux tigres les brebis, aux oiseaux les vipères. " HORACE - L’ART POÉTIQUE